Courrier des Lecteurs

Dans cette rubrique toute nouvelle, nous tenterons de donner la parole à nos lecteurs et de répondre à leur question.

La question des jeux d’argent pour la Religion juive

Le premier courrier du genre porte sur un thème qui revient souvent : la religion juive et les jeux d’argent et de hasard. Avec l’arrivée d’internet, il faut dire que ce type de loisirs a débarqué aussi sur les écrans. Avant, il n’avait lieu que dans les quelques maisons de jeux autorisées du sol français et il fallait sortir le smoking et la voiture pour aller en profiter.


« Bonjour à vous. Je m’appelle Samuel. J’ai 22 ans et je vis dans les Yvelines. Dernièrement, je suis allé me divertir dans les casinos de temps à autre. Sans exagérer, j’avoue que j’y ai pris goût. Côté tradition, ma famille n’a jamais vraiment pratiqué et je me demande si ce loisir va à l’encontre des enseignements ? Merci d’avance de votre réponse. » Sam


Bonjour Sam.

Merci de nous avoir contactés. Tu n’es sûrement pas sans savoir que dans sa conception la plus traditionnelle, le judaïsme se base sur les préceptes énoncés par la Torah. Ainsi, tout bon pratiquant devrait se conformer uniquement à ce que dit ce livre saint. Cependant, la Torah ne mentionne pas expressément les jeux de hasard. Nous allons donc essayer de t’éclairer autrement.

La première chose est qu’il est difficile d’occulter que les jeux et même dans une certain mesure les jeux de hasard font partie intégrante de certaines célébrations. Ces jeux, pratiqués dans ce contexte traditionnel sont acceptés et même encouragés. Ainsi, durant la fête de Pourim, petits et grands s’amusent. Cet évènement commémore le moment où la reine Esther a empêché l’extermination du peuple juif par le roi de Perse Assuérus. Les enfants lancent des toupies, tandis que les grands jouent aux cartes. Les parents donnent de l’argent à leur progéniture pour que ces derniers puissent effectuer des paris. Certaines communautés mettent même en place des casinos éphémères. Les jeux de cartes animent également la fête des lumières ou Hanoukah. Les juifs allument une bougie chaque nuit, afin de fêter le « bon hasard » qui les a préservés des Grecs il y a des milliers d’années de cela. La communauté juive ne considère donc pas le hasard ou la chance comme de mauvaises choses. En outre, laisser les enfants jouer à la toupie durant Hanoukah est aussi l’occasion de leur apprendre des mots d’hébreu.

S’il existe une reconnaissance spirituelle du rôle positif que peut tenir le hasard, des nuances doivent être, toutefois, apportées. La clé de l’acceptation des jeux de hasard réside dans la conscience de celui qui s’y adonne. Durant ces fêtes religieuses traditionnelles, le pratiquant juif a le droit de jouer pour s’amuser. De ce fait, aucune notion de besoin, de nécessité et encore moins d’addiction, ne vient ternir le loisir. Les joueurs s’en remettent au hasard uniquement pour le plaisir et de manière occasionnelle. Or, le jeu devient condamnable lorsqu’il dépasse ces limites. Ainsi, jouer pour régler ses problèmes financiers est Assour (interdit). En effet, celui qui fait cela déplace sa foi et ne se fie plus exclusivement à Dieu. En d’autres termes, une foi totale en Dieu occulte le besoin d’espérer des résultats favorables engendrés par des évènements aléatoires.

Par ailleurs, et c’est une autre limite saine fixée par la pratique, on ne peut allier la prière avec les jeux de hasard. Ainsi, un croyant juif véritable ne peut prier pour remporter, à la loterie, à la machine à sous ou à la roulette, par exemple. La grande majorité des rabbins vous diront qu’invoquer une aide de Dieu, serait injuste envers les autres participants. Dans certains autre cas, l’absence de notion d’échange pourrait assimiler certains jeux à une forme de fraude détournée si, durant ce jeu, le gagnant empoche une somme sans aucun effort, ni troc. Bien entendu, des jeux de cartes comme le poker sont différents. Ils s’avèrent plus acceptables en ce que les joueurs utilisent leurs têtes ou emploient des stratégies. Cela atténue ces aspects d’« enrichissement sans cause ».

Pour finir, certaines études montrent que, même si la Torah n’interdit pas explicitement le jeu de hasard, la foi juive n’est pas vraiment en défaveur des joueurs et de jeux de hasard ou de casinos. Bien sûr, ce flou ou cette relative permissivité n’enlève pas les convictions ancrées dans le cœur des juifs pratiquants. Ils comprennent qu’une forte dépendance aux jeux de hasard peut engendrer de sérieux problèmes de fonctionnement et beaucoup de malheur. Pour eux, tout cela ne peut qu’aller à l’encontre de la Torah. De leur côté, les non traditionnalistes sont moins enclins à condamner le principe de la pratique des jeux de hasard et l’idée d’une faute qui leur serait associée.

Au final, tant que cela reste un divertissement, être juif n’empêche pas de jouer quelques parties de jeux dans les casinos en ligne ou physique, mais la modération reste de mise.

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